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Pierre Lamalattie

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Peter Doig à Orsay

Peter Doig est l’un des peintres figuratifs actuels les plus regardés. Né à Édimbourg en 1959, il se fait depuis quelques années parisien et fréquente assidûment le musée d’Orsay. C’est une raison de plus pour cette institution de présenter une sélection de ses toiles. Par la même occasion, l’artiste est invité à accrocher dans les pièces adjacentes un choix d’œuvres du musée à son goût.

Abonné aux grands formats, Peter Doig se signale aux amateurs par une facture souvent savoureuse, faite de transparences, de frottements, de recouvrements et de quelques interventions au pochoir. Sa manière s’enracine volontiers dans le souvenir des maîtres nordiques, Edward Munch notamment.

On peut voir dans cette exposition certaines pièces inoubliables. C’est le cas par exemple de Two Trees où trois hommes paraissent habités par une incandescence chromatique (peut-être une musique ?). De même, on peut observer l’un de ses fameux personnages en canoé qui semblent incarner la solitude du wanderer transposée au temps des hippies.

Peter Doig travaille très lentement, dit-on. Il tâtonne, il essaie. Cet esprit expérimental se traduit par le fait que sa production est relativement limitée numériquement. On remarque aussi qu’elle est assez hétérogène : certaines pièces sont réellement enthousiasmantes alors que d’autres paraissent plus ordinaires.

Le fait d’accrocher à proximité de ses œuvres des tableaux du XIXe siècle rappelle que beaucoup d’artistes figuratifs actuels ont à cœur de réexplorer l’histoire de l’art sans se contenter de la vulgate allant de l’impressionnisme à la modernité. Dans la sélection faite par Peter Doig, on peut découvrir des pièces intéressantes, dont certaines sorties des réserves. Cependant, on a parfois du mal à comprendre ce qui les lie et quel est réellement le regard porté par Peter Doig sur l’histoire de la peinture. Au moins cette série a-t-elle le mérite de nous intriguer.

Article paru dans Artension n°183 – Janvier/Février 2024